L'équipe de La Green Session, brushing au vent.

Bienvenue sur le premier Good Talk de l’année ! 

Découvre notre entretien avec Vincent et Pierre, fondateurs de La Green Session, réalisé à l’occasion de la sortie de leur guide du skieur éco-responsable 2022. À cette occasion, nous avons échangé autour de leurs convictions, leurs engagements, et le cheminement qui les a poussés à créer La Green Session. Grâce à eux, nous avons découvert d’autres acteurs qui œuvrent pour une glisse plus responsable. En tout cas, leur conclusion est sans appel (désolés pour le spoil) : Pour espérer de la neige en 2050, il n’y a qu’un maître-mot : la sobriété. 

Goodloop : “Qu’est-ce que La Green Session ?”

Pierre  :

“La Green Session est une association à but non-lucratif qui a pour mission d’accompagner les rideurs.euses dans leur démarche éco-responsable en les aidant à consommer moins mais mieux et en évitant les pièges du greenwashing. Notre but ultime est de faire des riders.euses des ambassadeurs pour protéger l’environnement et inspirer leur entourage à en faire autant.

Concrètement on propose :

  • 2 guides par an pour décrypter les impacts de notre pratique et mettre en lumière des solutions : le skieur éco-responsable et le surfeur éco-responsable.
  • 1 annuaire avec les réparateurs et les marques (vraiment) éco-responsables. Jusqu’à présent on référençait uniquement les marques engagées dans une démarche vertueuse mais, depuis cette année, l’annuaire s’étoffe. En effet, nous avons reçu beaucoup de demandes d’infos sur des produits que nous n’avions pas audités donc on a décidé de mettre en place une approche plus exhaustive. On va donc noter l’engagement éco-responsable de dizaines de produits quel que soit leur engagement. On a commencé cet hiver avec le ski et on va poursuivre au printemps avec le surf.

Tous nos contenus sont disponibles gratuitement sur notre site internet.

En parallèle de cette activité de création de contenu, on s’implique également dans des projets qui ont du sens par rapport à notre concept de glisse éco-responsable. On fabrique notamment des ponchos de surf upcyclé : Ponchouille. L’objectif est de proposer une alternative éco-responsable aux ponchos de bain fabriqués à des milliers de kilomètres avec des matières premières gourmandes en eau et en pesticides. Ponchouille est fabriqué dans un ESAT en Bretagne à partir de serviettes de bain récupérées.”

Goodloop : “Quel a été le déclic qui vous a amené à vous lancer dans cette aventure ?”

Pierre : 

“Pas vraiment de déclic mais une envie grandissante de nous lancer dans un projet personnel. Après plus de 10 ans dans des entreprises du secteur privé on avait envie avec Pierre de se lancer dans un projet qui pouvait rassembler à la fois nos valeurs et notre passion pour les sports de glisse. On avait également envie de s’impliquer dans un projet qui pouvait potentiellement nous dépasser et raisonner au-delà de notre cercle proche afin d’avoir le maximum d’impact pour tenter de faire évoluer les choses.”

Goodloop : “Depuis votre lancement, vous avez dû rencontrer de nombreux acteurs engagés pour une pratique outdoor plus responsable. Quel est le plus chouette projet que vous avez rencontré grâce à la Green Session ?”

Pierre :

“Ah ah dur comme question. Je ne vais pas me faire que des amis :-).

Au-delà des projets, on a surtout fait de superbes rencontres avec des personnes très impliquées. Bon allez, je me lance et voici en vrac quelques rencontres qui nous ont laissé de très bons souvenirs : Nico de Woodyboard, shaper breton avec qui le feeling est passé direct, Marion de Bluelines qui répare des combinaisons de surf et qui nous a initié aux joies de la couture pour lancer le projet Ponchouille, Pierre de Notox, Gawood et les fondateurs de Sooruz qui nous ont ouvert les portes de leurs ateliers/bureaux et qui ont joué le jeu de la transparence, les gars de Nomads surfing qui débordent d’énergie et de créativité, Christophe de la marque Lagoped qui repousse les limites de l’éco-responsabilité dans les vêtements de ski, les fondateurs de Nok boards qui fabriquent des skateboards à partir de snowboards hors d’usage… et la liste est encore longue !”

Goodloop : “Les scientifiques sont formels, si nous continuons comme ça, en 2050 il y aura plus de plastiques que de poissons dans les océans, pas pratique pour surfer sur les vagues… Comment imaginez-vous le monde de la glisse en 2050 ?”

Pierre :

“Compte tenu de la tendance actuelle, notre capacité à relever le défi qui s’impose à nous semble de plus en plus remise en question. Même si je reste toujours mobilisé et impliqué, je ne suis malheureusement pas très optimiste.

Si les choses ne bougent pas rapidement dans les 5 ans à venir je pense malheureusement que nous n’aurons plus le privilège de placer les sports de glisse dans le top de nos priorités… Les besoins fondamentaux qui représentent le socle de la pyramide de Maslow occuperont je pense beaucoup plus notre esprit et notre emploi du temps. J’espère bien évidemment me tromper et on va tout faire avec l’asso pour que la glisse reste une priorité en 2050 :-)”

Goodloop : “Si vous deviez donner un conseil concret et actionnable aux rideurs de notre communauté, en termes de sobriété, d’engagement ou d’éco-pratique, quel serait-il ?”

Pierre :

“Limiter au maximum les transports, réduire la viande et acheter le moins possible de matériel (= entretenir et réparer) ! Rien de révolutionnaire mais uniquement du bon sens quand on prend en considération la décomposition de notre empreinte carbone. Pour 2050, on doit passer de 9 tonnes de CO2/an/français à environ 2 tonnes. Donc malheureusement ce n’est pas juste en achetant une veste de ski en polyester recyclé que cela va changer la donne. Le gap à franchir est beaucoup trop important. Pour relever le défi qui consiste à diminuer par 4,5 nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, il va falloir revoir notre façon de consommer de A à Z.”

Goodloop : ” Chez Goodloop, notre kiff c’est la réparation. On a tous déjà essayé de réparer une chaussette trouée, un bouton, une assiette brisée en mille morceaux ou un vélo… et parfois sans succès ! Et vous, quelle est votre plus belle galère ou réussite de réparation ?”

Pierre :

“Chez La Green Session, on partage le même enthousiasme pour la réparation. Allonger au maximum la durée de vie de son matos est effectivement l’acte le plus efficace pour réduire son impact. Malheureusement pour moi, le bricolage n’est clairement pas mon point fort. J’entretiens comme je peux mon vélo et mon matos de kite et de surf mais uniquement pour les petites répas. Pour le reste je fais appel à des gens plus compétents et c’est pourquoi les projets comme Goodloop sont très importants. J’adore également le concept des repair café. Quelle fierté de redonner vie à son vieux grille-pain 🙂 Ça permet également de faire de belles rencontres et de créer du lien à l’échelle d’un quartier.” 

Bon, OK vous l’aurez compris, même les plus engagés ont parfois 2 mains gauches (sorry les gars 😉 ) et quand on ne sait pas réparer soi-même, y’a pas de honte à faire réparer par d’autres! L’important, c’est bien de voir que le cœur y est! On remercie chaudement Pierre & Vincent de s’être prêtés au jeu de la Good Talk et de remettre (l’église au milieu du village) la planche au milieu de la vague en rappelant que la seule option est la sobriété.

Cette idée d’adopter une slow consommation qui fera du bien au porte monnaie et à la planète. Si chacun fait un pas vers cette consommation plus durable, on évitera peut-être d’avoir à faire un marathon… ou pire ! Alors longue vie à La Green Session et aux associations, entreprises et initiatives qui œuvrent pour un monde durable. 

Tu connais un projet engagé dans un outdoor plus responsable, dans la réparation ou dans l’économie circulaire? Recommande-le pour un des prochains Good Talk sur contact@goodloop.fr ou sur nos réseaux sociaux.